Prise de décision…
Je voulais vous parler de la prise de décision. Vaste sujet qui implique intuition, lâcher prise, émotion…. Tout ne sera pas abordé ici mais d’autres occasions permettront de développer.
D’abord, la prise de décision constitue un domaine central pour l’autonomie au quotidien.
Ensuite, chaque jour nous sommes amenés à prendre des décisions (petites ou grandes, faciles ou complexes) et elles influencent notre vie.
Ainsi, je vous propose 4 étapes d’apprentissage de la prise de décision !
Prise de décision – apprentissage n°1 : identifier son fonctionnement
On pense souvent aux décisions « majeures » (quitter ou rester avec son partenaire, changer de travail ou non, aller vivre à l’étranger, acheter une maison ou rester en location, faire des enfants… ). Pourtant au fil des journées, nous avons des tas d’opportunités pour prendre de petites décisions « sans véritable enjeu ».
Pour commencer à vous exercer, je vous propose d’utiliser ces « petites décisions » et de mettre en évidence votre fonctionnement. Observez comment vous prenez ces décisions ?
Vous tergiversez et ressassez vos décisions en passant finalement à côté de votre choix ? L’expression « foncer tête baissée » vous colle à la peau et vous regrettez ensuite ? Vous ne prenez jamais de décision, vous laissez faire votre entourage ? Ou alors (et c’est super) vous vous sentez plutôt en phase avec vos décisions et profitez de ce qui en découle ?
Exemples
Les exemples ci-dessous vous permettront de comprendre comment procéder pour identifier votre fonctionnement. Ils sont présentés de la façon suivante : la décision à prendre, les tendances négatives ou positives qui peuvent en découler.
DÉCISIONS À PRENDRE |
PENSÉES NÉGATIVES SUITE À LA DÉCISION |
PENSÉES POSITIVES SUITE À LA DÉCISION |
Que va-t-on manger ? | Si on avait choisi tel plat, je n’aurais pas autant mangé et ça m’aurait évité de prendre du poids… | Ce plat est tellement gourmand… c’est mon plaisir coupable de la semaine, mais sacré plaisir ! |
Que va-t-on regarder à la TV ? | Si nous avions regardé l’épisode d’une série, nous aurions pu aller nous coucher plus tôt car ce documentaire est vraiment long… | Ce doc est super, je suis juste un peu fatiguée donc je le termine demain, après tout ça fera comme une série, suite au prochain épisode… |
Quelle tenue porter pour mon rendez-vous ? | Si j’avais porté une robe j’aurais eu moins chaud… | Ce pantalon me fait une belle silhouette et me donne confiance en moi, il est confortable ! |
Alors, comment fonctionnez-vous ?
Prise de décision – apprentissage n°2 : se poser les bonnes questions
Souvent, prendre une décision aboutit au soulagement, au plaisir. Malheureusement, parfois, la prise de décision découle sur des regrets, de la frustration… Dans ces derniers cas, vous pouvez vous demander si votre décision a été prise :
- trop vite, sans information ?
- à l’encontre de votre intuition profonde ?
- pour répondre à des règles, conventions ?
- pour satisfaire d’autres personnes ?
- car l’autre option vous effrayait trop ?
Prise de décision – apprentissage n°3 : comprendre le mécanisme
Je vous propose de comprendre ce qu’implique une prise de décision, selon :
- Le nombre de variables qu’elle engage,
- Les conséquences plus ou moins lourdes qu’elle suppose,
- Les certitudes ou incertitudes que nous avons à leur sujet,
- Le calcul de probabilité auquel nous nous prêtons,
- La valeur que nous accordons aux conséquences de cette décision.
Décision « sous risque » et « sous ambigüités »
Sous risque
En premier lieu, il y a les décisions « sous risque » où nous connaissons les conséquences des choix. L’une des options est sûre mais associée à une récompense de faible valeur, l’autre option est peu sûre mais assolée une récompense de plus grande valeur.
Sous ambigüité
En second lieu, il y a des décisions « sous ambiguïtés », où nous ne savons pas si la récompense pourra être obtenue, mais sa valeur ne change pas d’une option à une autre.
La valeur attribuée aux conséquences de nos décisions
La valeur attribuée aux conséquences de nos décisions est fondamentale dans l’approche cognitive.
Elle vient de différentes sources :
- D’abord, de ce que l’on attend de la décision (émotion ou plaisir suffisant).
- Puis, de la nécessité d’une option plutôt qu’une autre dans notre équilibre (personnel, professionnel, familial, financier…). Cette deuxième source n’ayant pas forcément de lien avec le plaisir.
La prise de décision n’est pas uniquement rationnelle !
Toute décision ne peut se prendre uniquement sur la base d’une approche rationnelle. Combien d’entre vous ont déjà réalisé des listes de pour et de contre sans pour autant parvenir à se décider. Le poids de chaque « pour » et de chaque « contre » était-il le même ?
D’autre part, lorsqu’il s’agit de probabilité nous commettons un certain nombre d’erreurs. Notre « calcul » est biaisé par nos représentations, nos croyances, notre degré de confiance en nous…
Notre vision du monde est partielle. Autrement dit, le monde a une réalité factuelle, ce qui est ici et maintenant (la météo, le temps qui passe, le paysage…), mais chacun a sa propre perception, interprétation de ces faits. Chacun voit les couleurs différemment, ressent la chaleur ou le froid différemment, s’inquiète pour différentes choses selon le programme de sa journée…
Deux exemples :
-
Le temps qui passe :
Pour prendre l’exemple du temps qui passe, les secondes, minutes sont factuelles mais la perception du temps varie d’un individu à l’autre. Celui qui attend le métro et hésite à se rendre au travail à pied (car des soucis sur la ligne ont été annoncés), trouvera que le temps défile à toute allure et s’inquiètera du retard qu’il peut avoir à sa réunion. Celui qui, dans une salle d’attente, attend de passer un entretien pour savoir si oui ou non il changera de boulot, peut trouver le temps interminable.
-
Les rassemblements :
Lors des rassemblements, il n’y a qu’une vérité, il y a x personnes regroupées à un endroit donné. Pourtant, les chiffres fournis par les journalistes, les politiques ou la police vont varier en fonction des intérêts de chacun, de leur méthode de calcul, etc. Les décisions prises d’envoyer plus de professionnels sur place ne se feront pas sur les mêmes critères.
Ainsi des tas de facteurs qui nous sont propres vont influencer notre représentation du monde et le contenu de nos décisions, notre manière de les prendre. Face à une incertitude notre émotion ou intuition nous guide davantage que notre raison.
L’éclairage des neurosciences : les émotions dans la prise de décision
Les neurosciences ont beaucoup apporté à la « prise de décision », notamment sur le rôle des émotions. Elle ne repose pas uniquement sur notre savoir, notre capacité de raisonnement mais aussi sur nos émotions.
Attention, ces émotions sont en réalité le résultat d’une réactivation d’un état émotionnel antérieur qui existe depuis une précédente confrontation à une situation similaire.
Pour Berthoz : « l’émotion est […] une préparation de l’action ». Comprenez que vos émotions agréables ou désagréables ne sont jamais négatives ! Elles vous transmettent simplement un message important et vous indiquent ce qui est bon pour vous. En cherchant parfois à les faire taire, elles ne crient que davantage ! Qu’arriverait-il, selon vous, si vous leur laissiez une place par l’observation des sensations physiques qu’elles vous procurent … ? Vous trouverez la réponse sur ma page « blocage émotionnel« .
Néanmoins nos émotions peuvent être envahissantes, elles peuvent déformer la « réalité », notamment celle de la peur (de la solitude, de l’insécurité…). Des biais cognitifs peuvent aussi venir impacter nos décisions…
Prise de décision – apprentissage n°4 : utiliser les clefs
« Écoute ton coeur ! »
Les Parents Bienveillants
Pour plus de lisibilité, nous traiterons de chaque problématique et des clefs pour y faire face dans un tableau qui lui est propre.
Éviter de décider
VOTRE PROBLÉMATIQUE | DES CLEFS |
Vous évitez de prendre des décisions ou vous vous laissez porter par celles des autres. Cela génère en vous hésitation, paralysie, frustration ou amertume… Vous restez figez car vous ne savez pas prendre une décision et cela génère une véritable souffrance en vous. | Apprenez et développez votre capacité à prendre des décisions, ceci est fondamental.
Commencez par vous intéresser aux biais cognitifs présents dans la prise de décision (cf. vidéo). Identifiez les vôtres et tentez de les corriger ! |
Se préoccuper des jugements
VOTRE PROBLÉMATIQUE | DES CLEFS |
Vous prenez des décisions par rapport à des choses extérieures à vous, comme si vous n’aviez pas vraiment la main dessus, comme si votre bonheur dépendait de votre environnement, des autres….
Or en réalité, il dépend de votre regard, de votre décision de penser telle ou telle chose… du fait de reprendre la responsabilité de votre vie, de vos expériences… Aussi, vous prenez vos décisions par peur du jugement des autres ou du votre car vous prêter une importance au statut (couple/célibat, salaire, cool/rigide…), au quand dira-t-on. Très souvent, trop souvent, les besoins, souhaits de vos proches sont placés au centre de vos préoccupations. |
Réduisez l’enjeu de la décision. Souvent c’est l’enjeu que vous attribuez à une décision qui la rend difficile voire impossible. En effet, vous voyez le résultat de la décision en noir ou blanc, tel le paradis ou l’enfer. Or, ce n’est jamais vraiment le cas !
Essayez d’imaginer une voie dans laquelle personne ne juge votre décision. Alignez-vous avec vos objectifs personnels, intrinsèques, avec ce que vous voulez profondément ! |
Penser qu’il existe une unique bonne option
VOTRE PROBLÉMATIQUE | DES CLEFS |
Vous pensez qu’il y a une seule et unique bonne décision. Prendre une décision difficile vous stress énormément car vous n’imaginez qu’une issue au problème. Or, chaque option a ses bons et mauvais côtés. Quelle que soit la décision il est possible de ressentir des émotions désagréables car elle peut induire une perte ou autre. Cela ne veut pas forcément dire que le choix n’était pas le bon. |
Prenez conscience qu’une décision s’acte à un instant « t », en espérant que ce sera la bonne pour vous. En réalité aucune solution n’est bonne ou mauvaise, cela dépend de ce que vous en fait dans quelle optique vous la prenez. Il n’y a pas de bon ou mauvais choix il y a le choix que vous faites et comment vous décidez de le vivre et de le faire vivre.
Aussi, vous vous concentrez peut être uniquement sur les options déjà envisagées, mais négligez des pistes différentes. N’hésitez pas à faire preuve de créativité. |
Vouloir des certitudes
VOTRE PROBLÉMATIQUE | DES CLEFS |
Vous voulez des certitudes, avez besoin d’être sûr, de tout prévoir et tout anticiper. Dans l’attente d’obtenir toutes les réponses, vous êtes donc en train de stagner. Vous repoussez la décision à plus tard sous prétexte de rechercher des informations supplémentaires. Vous sollicitez l’avis de tout le monde allant jusqu’à vous noyer dans ces avis et ne plus être capable de discerner quel est le votre. | Prenez des informations, elles sont essentielles et renforcent votre intuition. Parlez à des gens ayant eu des choix similaires à faire, demandez-leur de raconter avec honnêteté leur expérience, cela peut également vous aider dans cette recherche d’informations.
Par contre, soyez conscients que votre cerveau ne pourra jamais tout savoir, retenir, ni même prédire. Surtout lorsque les conséquences de vos décisions impliquent la réaction d’autres personnes par exemple. Alors décidez, là encore, de ne pas rester dans l’illusion que vous pouvez avoir tous les éléments pour être à 100% sûr que l’option A ou B est la bonne. |
Regretter, revenir sur ces décisions
VOTRE PROBLÉMATIQUE | DES CLEFS |
Vous prenez une décision, faites un choix mais vous revenez dessus sans cesse en vous disant « et si… ». Dans ce cas votre souffrance est certainement de ne vivre pleinement ni l’expérience que vous avez choisie, ni celle que vous imaginez « et si j’avais plutôt… alors peut-être que … » . Bref, vous vous privez des deux scénarios et êtes vraiment insatisfait. |
Remarquez votre tendance à regretter ou à revenir sur vos décisions. Ramenez votre cerveau au scénario choisi, en vous disant « au moment où j’ai fait ce choix il m’a paru le meilleur avec les ressources que j’avais, les informations que je connaissais, mon intuition… ». |
S’inquiéter du caractère définitif de sa décision
VOTRE PROBLÉMATIQUE | DES CLEFS |
Vous pensez que vos décisions sont définitives, que tout est définitif.
Or, il y a toujours une possibilité de réajuster votre trajectoire… Souvent l’ego considère les choses comme fixes, immobiles, irrévocables. L’égo ne veut pas « s’abaisser » à montrer que nous avons fait une « erreur » etc. |
Prenez en compte la « dissonance cognitive post-décision » : ce phénomène consiste à ce que l’humain considère une voie de façon plus positive lorsqu’il l’a choisie et s’y est engagé. Ainsi, il l’empêche, par la même occasion, de reconnaître qu’il a commis une erreur.
Pourtant, il ne s’agit pas tant d’une erreur que d’un apprentissage. Vous pourriez vous dire par exemple « j’ai désormais du recul sur l’expérience que j’ai choisie, j’ai exploré cette voie mais elle ne me convient pas, je vais en choisir une nouvelle, une différente ». Ce qu’il faut éviter, c’estde revenir au point de départ, à la décision initiale qui ne s’était pas présentée « pour rien ». Trouvez une autre alternative. |
Tourner en boucle
VOTRE PROBLÉMATIQUE | DES CLEFS |
Vous tournez en boucle, n’en dormez plus, ne cessez d’y penser à tel point que vous ne pouvez peut-être plus profiter de quoique ce soit « à coté » tant que votre décision ne sera pas prise. Vous avez pourtant retourné la question dans tous les sens, réalisé toutes les recherches possibles et imaginables. | Tentez de sortir la tête du guidon, des détails, de votre réflexion. Recherchez une distraction qui fonctionne (du jardinage, du sport, de la peinture par exemple) et qui vous permettra une prise de recul salutaire !
Avoir un œil neuf permet généralement de prendre la décision la plus adaptée. |
Penser au pire
VOTRE PROBLÉMATIQUE | DES CLEFS |
Vous pensez au pire, à la perte engendrée par le choix. Vous cherchez à prendre la décision la moins pire plutôt que de prendre la meilleure pour vous (scénario de votre réussite). |
Comparez les deux scénarios « du meilleur » au lieu de comparer les deux scénarios « du pire ». Envisagez le gain et projetez-vous dans l’idée du succès. Autrement dit, demandez-vous : « Si mon succès était assuré dans les deux voies, quel serait le choix que je ferais pour moi ? ». Ainsi, vous pouvez tester les options. Vous prendrez votre décision différemment selon votre humeur (joie, tristesse…) alors pour la contourner, projetez-vous quelques jours comme si vous aviez pris une décision et voyez comment vous vous sentez. |
Avoir peur
VOTRE PROBLÉMATIQUE | DES CLEFS |
Vous ressentez de la peur, elle vous fige. | Tentez de vous demander dans laquelle des options se trouve l’envie, la motivation, la curiosité ? Alors, ne vous laissez pas diriger par la peur, agissez par enthousiasme !
L’idée n’est pas d’ignorer la peur, c’est ok d’avoir peur mais de la prendre avec vous, de la tenir par la main, comme un parent tiendrait son enfant par la main pour le rassurer tout en le conduisant à l’école pour la première fois par exemple. De grandes aventures enthousiasmantes vous attendent… |
Sources :
- http://www.psychomedia.qc.ca/psychologie/2015-06-28/conseils-prise-de-decision (consulté le 23 mars 2021)
- Clotilde Dusoulier, Poadcast « Change ma vie », (088) Prendre des décisions.
Pour aller plus loin :
Exemple en entreprise…
Le milieu de l’entreprise est le lieu même de la PRISE DE DÉCISION, au niveau stratégique comme au niveau exécutif. Managers, adoptez une communication par l’émotionnel pour obtenir l’adhésion de votre équipe. Car non, la prise de décision n’est jamais que rationnelle !
Contrairement à ce que certains aimeraient croire, elle n’est jamais uniquement fondée sur une base cognitive et rationnelle. En effet, l’émotion fait toujours partie de la prise de décision humaine. Ainsi, les managers ont tout intérêt à susciter une émotion commune pour convaincre l’ensemble des acteurs. D’autre part, l’émotion est souvent contagieuse… Apprenez donc à la maitriser car elle peut se révéler être un outil particulièrement important pour le manager. Au même titre que l’écoute active et l’empathie pour lesquelles vous trouverez également des informations sur mon site, dans un article dédié !